Loin d’être un simple gadget de plus dans l’arsenal marketing, les LLMs (modèles de langage génératifs) transforment en profondeur notre rapport à la recherche, à l’information, et même à l’acte d’achat.
Le buzz autour du GEO (Generative Engine Optimization) a popularisé une vision technique : comment apparaître dans les réponses de ChatGPT, Perplexity, SearchGPT… Pourtant, la véritable révolution se joue ailleurs : dans l’usage massif et quotidien de ces outils comme portails de sens et de service.
Une intention de recherche redéfinie
En France, 48 % des utilisateurs d’IA générative s’en servent pour faire des recherches en ligne, devant la génération d’idées (35 %) et la rédaction de textes (38 %) (source : Ipsos-CESI, 2025).
Aux États-Unis, l’usage est encore plus ancré : 68 % utilisent ces outils pour « poser une question », 64 % pour du brainstorming, 44 % pour rédiger un premier jet (source : keywordseverywhere.com, 2024). Ces chiffres signalent une chose : on ne consulte plus seulement l’IA pour des réponses, mais pour amorcer une pensée, gagner du temps, ou même s’évader.
Cela bouscule la traditionnelle typologie I/N/C/T (informatif / navigationnel / commercial / transactionnel). Selon Semrush, les prompts sur ChatGPT relèvent à 70 % d’« intentions créatives ou hybrides » (source : semrush.com/blog/chatgpt-search-insights).
Recherche IA vs. recherche classique : chacun sa place
Cette métamorphose ne signe pas la mort du SEO. Elle en redessine les contours.
Dès que les LLMs se connectent au web (SearchGPT, Perplexity Shopping), on observe un retour massif des requêtes courtes et transactionnelles : « acheter… », « prix de… », « code promo… ». Ces intentions, ancrées dans le temps court, restent le fief du search classique (source : Semrush AI Overviews Study).
En clair : on pose les questions à l’IA, mais on passe à l’action sur Google. Pour les marques, cela signifie un double effort :
- Répondre de façon claire, synthétique et structurée aux prompts « IA »
- Convertir en proposant des landing pages bien indexées, riches, et visibles dans les moments décisifs
Cela peut s’expliquer par des habitudes encore très ancrées chez les utilisateurs. Habitudes d’utilisation, mais aussi confiance dans la sécurité des transactions en passant directement par un site après l’avoir trouvé sur une SERP.
De la consommation à la conversation
Derrière les chiffres, c’est tout un paradigme qui évolue : on ne cherche plus uniquement une info, mais un accompagnement. Le prompt devient un espace de dialogue. L’IA, un assistant à qui l’on confie ses doutes, ses ambitions, ses besoins flous.
La logique de contenu change :
- On ne répond plus à une requête, on structure une expérience
- On ne chasse plus le clic, on cherche la citation ou la reprise
- On ne produit plus en silo, on construit des architectures de sens adaptées à l’extraction
Ce basculement appelle à une nouvelle rigueur : structurer, baliser, expliciter. Pour être lu, mais aussi pour être pris en compte par les IA.
En outre, la montée de la conversation avec l’IA, que cela soit pour du conseil général, de l’écoute quasi-psychologique, ou simplement pour résoudre l’épineux problème du menu de la semaine, repose la question des attentes des utilisateurs et de leur rapport à Internet.
Car, oui, l’IA est avant tout un outil qui utilise le Web, et non qui le nourrit. Nous qui travaillons dans le SEO – et donc la production de contenus – notre raisonnement peut être biaisé. Il nous apparaît, à nous, acteurs du Web, normal d’utiliser les LLMs pour produire des contenus, là où les internautes voient en ces modèles des assistants de résolution et d’écoute.
Des implications très concrètes
- En France : les usages IA restent majoritairement utilitaires. L’enjeu est de produire des contenus accessibles, fiables, et facilement interprétables (FAQ, listes, schémas, formats clairs).
- Aux États-Unis : la compétition est déjà technique. Les prompts ciblent la productivité, le code, les comparatifs. L’optimisation BOFU (bottom-of-funnel) y est stratégique.
Et partout : l’IA ne cite que ce qu’elle comprend. La “retrievabilité” devient un KPI : est-ce que l’IA peut identifier, extraire et restituer de façon pertinentes les informations contenues dans mes contenus. En clair : est-ce que mes contenus sont lisibles par les humains et exploitables par les LLMs ?
Autre question essentielle : est-ce que mes contenus répondent à ces changements d’usage en étant capables d’être cités nommément comme référence… ou vont-ils seulement être “absorbés anonymement” par la machine ?
Pour les créateurs (graphiques ou littéraires), comme pour les penseurs (vulgarisation, information, etc.), il s’agit d’un enjeu de survie. Quelle existence les humains producteurs de pensées et d’art est encore possible face à ce qui s’apparente de plus en plus à un trou gravitationnel ?
GEO : au-delà du buzz, une grille de lecture utile
Ce qu’on appelle GEO est moins une discipline à part qu’une conséquence logique : si les LLMs deviennent des intermédiaires informationnels, ils imposent de penser son contenu différemment.
Pas pour flatter l’algorithme. Mais pour rester pertinent.
Pas pour quitter Google. Mais pour ajouter une couche de visibilité.
Pas pour suivre la tendance. Mais pour s’adapter à l’usage.
Pas uniquement pour gagner de l’argent malgré tout.
Comme toute métaphore technique, le terme GEO s’essoufflera peut-être. Mais il aura eu le mérite de poser la bonne question : à quoi sert votre contenu, dans un monde où les réponses ne viennent plus toujours d’une page de résultats ?
Et ça, c’est une excellente base de travail pour toute stratégie SEO 2026.